S’organiser ! S’organiser ! Pistes de réflexion…
Depuis le début de la crise de la COVID-19, plusieurs nous disent que cette pandémie changera énormément nos habitudes, que le monde ne sera plus pareil à ce qu’il était. Pour certains aspects de l’activité humaine, ce serait probablement une très bonne chose. Pour d’autres cependant, ce pourrait être une perte pour notre mode de vie. Bien malin, celui qui pourrait nous dire de quoi sera fait demain, le mois prochain, l’année prochaine dans nos cliniques. C’est pourquoi ce blogue se veut plutôt une réflexion sur des changements organisationnels qui pourraient être possible de faire.
• Il semble que maintenant les interventions seront séparées en deux catégories, les génératrices et les non-génératrices d’aérosols. Nous devrons probablement nous questionner sur comment les aborder de façon séparée. Ce qui demandera soit des espaces équipés pour gérer les aérosols et d’autres non, soit des journées dédiées aux traitements générateurs d’aérosols et d’autres non. Devrons-nous avoir des équipes spécialisées en traitement à risque de contamination et d’autres non ? Les horaires devront être aménagés pour gérer des salles spécifiques ou des jours spécifiques. Les plans de traitement et les séquences de rendez-vous devront aussi être planifiés en fonction des aérosols. Il faut donc réfléchir à gérer des espaces ou à gérer du temps. Puis il faudra changer l’organisation du travail et le protocole en fonction de ce choix.
• Une autre approche pourrait être que pendant certains jours de la semaine ne superviser que des rendez-vous d’examen nouveau patient et de suivis (rappel). Les autres jours seraient consacrés aux traitements. Cependant, cela pourrait causer un problème de rentabilité s’il n’est plus possible de voir tous les patients. Cette stratégie me semble plus propice pour une clinique à plusieurs dentistes.• Depuis plusieurs années je préconise de planifier de longs rendez-vous pour diminuer le nombre de rendez-vous par plan de traitement. L’objectif était double. Le premier, maximiser l’efficacité et la rentabilité en diminuant le nombre de fois qu’un patient s’installe et quitte la salle de traitement. Le deuxième objectif était de diminuer le risque de contamination croisée et de diminuer les coûts de l’asepsie. Des procédures opératoires plus complexes et des coûts d’asepsie plus importants rendent cette recommandation de donner de longs rendez-vous encore plus pertinente.
• Pourrait-on aussi imaginer une autre façon de gérer, qui pourrait être de faire des quarts de travail plus courts sans pause pour le dîner ou le souper ? Ce ne serait pas nécessairement simple à gérer, mais il y aurait peut-être quelques avantages. Le risque de contamination entre les employés serait réduit d’autant, mais possiblement l’esprit d’équipe aussi.
• Un certain nombre de consultations d’urgence pourraient être prises en charge de façon virtuelle dans des délais très courts (quelques heures ou moins). Naturellement en respectant les recommandations de notre ordre professionnel, pour soulager puis diriger le patient pour le traitement adéquat. Au niveau organisationnel, les visites en clinique n’en seraient que mieux planifiées et le temps du dentiste mieux utilisé sans oublier que la gestion des risques de contamination s’en verrait grandement améliorée.
• Les dentistes risquent d’être beaucoup plus occupés par les exigences opératoires et d’asepsie. Leur temps disponible pour la micro gestion ou gestion quotidienne s’en trouvera diminuée d’autant et de plus son attention sera plus difficile à obtenir. Il deviendra plus évident que la gestion d’une clinique devra être prise en charge par un gestionnaire. Bien entendu, cela a un coût et se doit d’être bien planifié.
• Comme l’avenir est difficile à prédire, les changements organisationnels pour un certain temps seront en évolution. C’est pourquoi je pense que tout nouveau protocole doit être réévalué fréquemment. Au début de façon quotidienne, par la suite hebdomadaire jusqu’à avoir la bonne procédure. Le dentiste ou idéalement le gestionnaire doit questionner l’équipe sur le déroulement de chaque action et y apporter les correctifs nécessaires.
La dentisterie a toujours évolué, surtout en traversant des crises. Les manières de faire que l’on considère aujourd’hui totalement irréalistes seront peut-être affaires courantes dans le futur. Les plus vieux d’entre nous se souviennent encore du moment où ils ont dû porter des gants. La perte de sensation tactile allait diminuer la qualité de la dentisterie selon les plus récalcitrants. En a-t-il été vraiment ainsi ?